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“L’humain est bienvenu dans le silence de la nature s’il n’écrase pas tout”

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“L’humain est bienvenu dans le silence de la nature s’il n’écrase pas tout”
Alban Leduc
30/5/2024

Pour sa troisième Veillée, La Corneille a invité ses lectrices et ses lecteurs à tendre l’oreille aux sons et au silence du vivant. Une immersion sonore menée en compagnie du collectif de danse minuit 12, de l’écoacousticien Jérôme Sueur et de la violoncelliste Olivia Gay, nous avons tour à tour exploré les sons du vivant, le silence et la musique.

Un silence. C’est souvent long, déroutant, voire insupportable. “Faites l’expérience avec vos amis, vous ne tiendrez pas plus d’une minute”, met au défi Jérôme Sueur, l’auteur d’une Histoire naturelle du Silence et invité de la troisième Veillée de La Corneille. Cinq secondes, c’est le temps que nous avons réussi à tenir sans parler, au moment d’essayer durant la soirée, ce mardi 28 mai à la nuit tombée. Lorsqu’on brise ainsi le silence, “on occupe un vide et on entre en concurrence pour cet espace sonore. L’humain est bienvenu s’il n’écrase pas tout”, indique le chercheur qui étudie les sons de l’environnement pour en comprendre son fonctionnement.

Jérôme Sueur, l’auteur d’une Histoire naturelle du Silence. © Matthis Leduc / La Corneille

Réprimandé par une spectatrice de concert classique pour le tic-tac de sa montre, Jérôme Sueur a acquis très jeune l’intime conviction que “tout bruit a son importance”. Relations entre parents et enfants ou entre proie et prédateur, le silence dans la nature est l’objet d’une “véritable guerre”. “Lorsque j’étais en bivouac en Tanzanie, il y a eu une violente attaque de certains habitants”, raconte le chercheur autour du feu. “J’ai eu un réflexe : me cacher en silence. Mais cela s’opère aussi du côté des prédateurs, comme les chats qui chassent sans faire de bruits pour ne pas être reconnus.”

L’humain pollue l’environnement sonore

De l’enceinte qu’on emmène en forêt, aux passages des motos ou des voitures, en passant par les discussions parfois trop sonores, l’humain a tendance à s’imposer dans ces échanges acoustiques. Résultat, de nombreuses espèces perdent leur repère ou ne peuvent plus communiquer.

Mais nous nous intoxiquons aussi. “Le bruit nous fatigue, nous procure du stress et nous fait ainsi perdre plusieurs années de vie.” Selon l’agence de la transition écologique, il s’agit même de la deuxième source de pollution provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe, derrière la pollution atmosphérique. Alors comment imaginer un futur acoustiquement souhaitable ? Demande une participante. “Voitures, avions, bateaux.. La priorité est d’introduire une sobriété dans les machines qu’on utilise se déplacer, qui sont les plus bruyantes”, esquisse l’écoacousticien.

Traduire les partitions du vivant

Pour un futur souhaitable, le collectif de danse Minuit 12 mise, lui, sur l’interprétation artistique des sons de nos environnements. En introduction de cette veillée, Jade Verda et Justine Sène, co-fondatrice de la compagnie, ont présenté la façon dont elles “traduisent les partitions sonores du vivant à travers le mouvement”.

Jade Verda et Justine Sène, co-fondatrice du collectif de danse Minuit 12. © Matthis Leduc / La Corneille

Un orage qui explose au Sénégal, un grand figuier ou la traversée de l’océan, les danseuses ont traduit leurs propres souvenirs en bande sonores et mouvements poétiques. “À travers le côté artistique, on permet aux gens de sortir de leur quotidien pour les amener ailleurs. Une spectatrice nous a d’ailleurs dit avoir quitté son travail après avoir assisté à notre performance”.

La nature comme inspiration et instrument de musique

Une sensibilisation que tente aussi de provoquer la violoncelliste Olivia Gay, qui a clôturé la soirée. Sensible à l’environnement depuis très longtemps, ce n’est que récemment qu’elle a décidé d’en faire un tournant dans son métier.

La violoncelliste Olivia Gay, autrice du "silence de la forêt". © Matthis Leduc / La Corneille

Parce que “le répertoire de musique classique dédié à la nature est énorme”, mais aussi parce que “nos instruments de musique sont des fruits de la forêt”, elle a décidé de s’engager. Elle organise désormais des concerts de sensibilisation avec l’Office national des forêts (ONF) en nature pour réadapter le “Silence de la forêt”. Sous la verrière du Centvingtsept de l’agence Pixelis, elle a livré un moment fort en émotion pour raconter en musique le récit d’une graine d’épicéa devenue arbre… puis violoncelle.

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