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Thomas Brail investi la scène pour “faire passer le message différemment”

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Thomas Brail investi la scène pour “faire passer le message différemment”
Alban Leduc
31/5/2024

Le militant et arboriste-grimpeur Thomas Brail s’allie avec le pianiste Patrick Scheyder pour un spectacle audacieux. Objectif, sensibiliser à l’écologie hors des cercles militants.

Quelques jours après avoir été convoqué par la gendarmerie pour une manifestation contre l’A69, c’est dans un théâtre parisien que nous retrouvons Thomas Brail pour parler d'une nouvelle forme d'engagement. Avec le pianiste et cocréateur de l’écologie culturelle, Patrick Scheyder, il propose un spectacle en forme de conte écologique sur l’éloge de la forêt. Un mélange de scènes de théâtre, de happenings et de musiques, proposé pour la première fois au grand public le samedi 1er juin sur le parvis de l’Académie du Climat à l’occasion de la Nuit Blanche à Paris. Entre deux répétitions, La Corneille a posé trois questions aux deux architectes de cette nouvelle formule artistique.

Pourquoi avez-vous décidé de descendre des arbres pour jouer sur scène ce spectacle ?

Thomas Brail : Le but, c'est de démocratiser le fait qu'aujourd'hui, il faut faire quelque chose ! Si sous un angle ça ne passe pas, alors il faut passer par d'autres voies. Je pense que l'art, la musique, la culture, ça peut faire prendre conscience à des gens qui ne seraient pas prêts à aller faire des manifestations.

En fait, j'en ai un peu marre d'être sur le terrain. Malgré le fait que je ne quitte pas le terrain parce qu’on est toujours plus efficace sur un arbre quand il va être abattu, un moment donné, il faut faire passer le message différemment.

Thomas Brail en répétition pour le spectacle “Éloge de la forêt”. © Florent Mahiette

Patrick Sheyder : En jouant dehors au moment de la nuit Blanche, on va toucher un public qui n’en a rien à faire de l’écologie. N’importe qui vient et c’est ce “n’importe qui”, qui nous intéresse. Il faut que cela soit séduisant donc le spectacle est à cheval entre le classique, le rap, la pop. On mélange tout, c’est un cocktail.

C'est un peu gênant que des gens qui n'y connaissent rien à la terre aient des discours sur la terre.

Aborder les arbres et la biodiversité, est-ce une façon de mobiliser davantage qu’avec le climat ?

Thomas Brail : Je pense que les arbres et l'océan, ça fait partie des deux sujets pour lesquels les gens sont sensibles et où il n’y a pas de détracteurs. Moi, je n'ai jamais eu de messages haineux pour me dire qu’il fallait supprimer tous les arbres. Tout le monde est bien content d'avoir un arbre l'été pour aller pique-niquer dessous quand il fait chaud. Ils sont indispensables, tout le monde connaît leurs bienfaits et pourtant on les coupe. Je ne suis pas un extrémiste des arbres, mais par contre les arbres qui n'ont pas vocation à être industrialisés, il faut arrêter de les couper.

Moi, je joue avec mon corps, notamment pour m’opposer aux forces de l’ordre.

Patrick Sheyder : L’arbre, c'est aussi un symbole de la renaissance, de la puissance… Ça parle de manière culturelle à un peu près tout le monde. J'avais traité le côté historique avec la forêt de Fontainebleau, mais je voulais sortir de cette approche intellectuelle avec mes alliés directs : les jardiniers. C'est un peu gênant que des gens qui n'y connaissent rien à la terre aient des discours sur la terre. Le travail de la terre et des mains est très important pour moi. Faire du piano, c'est manuel, je ne ferais pas de différences entre le côté artistique ou artisanal.

Le pianiste Patrick Scheyder conçoit depuis 10 ans des spectacles sur l’écologie dans l’espace public. © Florent Mahiette

Dans la pièce, vous avez intégré le gouvernement, est-ce une manière de montrer que les solutions existent ?

Thomas Brail : Oui, je m'octroie le rôle de directeur de cabinet de Christophe Bechu (le ministre de l’Écologie) et c'est du pain béni, je me permets de dire les choses et là, il faut qu'il m'écoute. Je ne suis pas dans l'écologie punitive, on peut continuer à mener des vies comme on les mène, mais en changeant des choses, on pourra amener la planète un peu plus loin. Je ne suis pas activiste. Moi, j’ai un métier que j'ai mis en avant pour défendre une cause. Il n'y a rien de mieux pour diviser les gens que de dire “toi, tu es de gauche ou toi, tu es écolo”. Tout le monde peut faire quelque chose. Moi, je joue avec mon corps, notamment pour m’opposer aux forces de l’ordre. Vous imaginez, si tout le monde s’y mettait, avec 70 millions de corps, on pourrait les arrêter !

Éloge de la Forêt de Patrick Scheyder. Représentations le 1er juin à 22h et à 23h, dans le cadre du programme officiel de la Nuit Blanche, place Baudoyer, devant l’Académie du Climat, Paris IVe.

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