Des milliards d’euros dépensés chaque année en Europe au détriment de la biodiversité

15 milliards d’euros d’investissement en France de la part d’entreprises étrangères. C’est la promesse annoncée en grandes pompes par le gouvernement lors du sommet “Choose France” organisé à Versailles le lundi 13 mai. Amazon, McCain, Microsoft… en tout une cinquantaine de projets industriels vont bénéficier d’avantages fiscaux pour s’installer sur le territoire.

Des milliards d’euros qui pourraient bien se retrouver nuisibles pour la biodiversité. Artificialisation des terres, développement de routes ou de grandes exploitations agricoles… l’ONG de protection de la nature WWF tente depuis quelques années de comptabiliser les investissements néfastes à la biodiversité.

Entre 34 et 48 milliards d’euros : c’est le montant des subventions européennes qui fragiliseraient ainsi l’équilibre des écosystèmes chaque année, selon son dernier rapport paru le 13 mai. À quelques semaines des élections européennes, l’association a identifié quatre grands secteurs d’investissement nuisibles pour la biodiversité.

Les incitations à l’agriculture et la pêche industrielle pointées du doigt

La politique agricole commune (PAC) - dont les exigences viennent d’être assouplies - figure et de loin à la première place. “En encouragent l'augmentation de l'élevage industriel et de pratiques agricoles ou forestières non durables à grande échelle”, au moins 60 % du budget européen destiné à la PAC pourrait être considérée comme négatif pour la biodiversité, considère le WWF. Suivent les subventions et les aides à la pêche, les dépenses en termes d’infrastructures de transport et pour les aménagements hydrauliques (drainage, canalisation et barrages).

Le rapport met notamment en cause le plan France 2030 qui vise à rendre la filière forêt-bois plus résiliente. En favorisant la plantation de monocultures via des coupes rases et en présentant un taux d’échec de plantation élevé (38 %), WWF considère que ces opérations “fragilisent les écosystèmes et libèrent de grandes quantités de carbone”.

En tout, ces dizaines de milliards d’euros de subventions annuels en Europe “alimentent  la perte de biodiversité, rendant le continent encore plus vulnérable aux sécheresses, aux inondations et aux vagues de chaleur, avec un impact négatif sur notre économie”. En comparaison, l’ONG rappelle qu’il faudrait une somme équivalente pour atteindre la stratégie européenne en matière de biodiversité à l’horizon 2030. Pour y parvenir, il manque 18 milliards d’euros d’investissements publics en Europe et par an, soit l’équivalent des promesses du sommet Choose France.